L'Infertilité, des partenaires épargnés
Les hommes se décrivent peu et sont rarement décrits par leur partenaire comme acteurs de la recherche de grossesse : ils s’impliquent peu et sont mis à distance des prises quotidiennes de température.
L’argument avancé par les femmes pour ne pas informer systématiquement leur conjoint de la date d’ovulation estimée est la volonté de le préserver et de ne pas entrer dans une procédure purement technique et mécanique, alors que, paradoxalement, elles sont, pour leur part, dans un processus de sexualité programmée.
Lucie (31 ans, laborantine), en recherche de grossesse depuis deux ans, explique : « Je ne lui parle pas de tout ce que je fais … Je ne lui dis pas “bon, ce soir, c’est le bon soir”. Non, parce que c’est déjà un petit peu … Je sais que des fois il faudrait, enfin je lui en parle suffisamment pour qu’il soit au courant et à la fois pour qu’il ne soit pas trop … pas impliqué, ce n’est pas le cas, mais pas trop … je ne trouve pas mes mots … qu’il ne soit pas trop … Justement c’est plus difficile … Un homme est aussi assez réceptif à ce genre de chose donc, si je lui dis “bah ce soir” ou alors “tel jour, tel jour”, ce sera un petit peu, je pense, un peu casse-couilles … pour nous deux quoi !… »
Ainsi, dès les premiers stades de la recherche de grossesse, sous couvert d’une protection du conjoint, une certaine mise à l’écart des hommes est entretenue. Cette gestion féminine du projet de grossesse se poursuit lorsque la grossesse ne vient pas et que le couple décide de faire intervenir la sphère médicale, lors de la prise des premiers rendez-vous. Face à une recherche de grossesse infructueuse ou suite à des fausses couches, les couples décident de consulter un spécialiste, soit le plus souvent le gynécologue habituel. Dans les parcours analysés, les femmes sont encore fréquemment les premières soupçonnées d’une hypofertilité ou d’une infertilité et les premières concernées par les examens préconisés.
Stéphane tente d’avoir un premier enfant depuis deux ans. Sabrina, sa conjointe (31 ans, cadre supérieure), que nous avons également interrogée, déclare que le couple essaie depuis quatre ans. Le problème d’infertilité vient de lui ; il s’est fait opérer mais l’intervention n’a donné aucun résultat sur la fertilité du couple. Il raconte : « Ma femme avait, en fait, avait une gynéco qui lui avait laissé entendre à un moment qu’il y avait peut-être des p’tits soucis par rapport à elle (…) Donc, elle a voulu contrôler assez vite, au bout de même pas un an, en fait, (…) on a contrôlé assez vite et il s’est avéré qu’en fait les soucis venaient plus de moi ».
Sabrina explique que sa gynécologue a eu « l’intelligence » de préconiser des examens aux deux membres du couple : « Et au bout d’un an, ma gynécologue m’a dit “mais, c’est quand même étrange”, elle a demandé des tests, et elle a eu l’intelligence de dire, que, avant de torturer complètement la femme, à qui on reproche très souvent d’être en incapacité (…) J’ai fait les tests très basiques … sanguins, écho, enfin, vraiment des choses pas trop invasives et pas trop douloureuses et, en même temps, tout de suite, elle a fait faire un test à mon mari ».
Voici la version anglaise de cey article/ Here is the english version of this article: https://diplomacy-development.blogspot.com/2021/09/infertility-spared-partners.html
Cassien Tribunal Aungane, Editeur
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